« Être féministe et en relation avec un mec cis » – Compte-rendu de l’atelier du 21.03.19

– Présentation des membres

– Présentation des gestes de facilitation de la parole

– Retour sur la semaine de cyber-harcèlement

 

Point juridique : en cas de cyber-harcèlement, il est difficile de porter plainte en raison de la multiplicité des harceleur-ses, de l’absence de preuves et des propos ambigus. Il existe cependant quelques recours :

1) Pensez toujours à faire des captures d’écran, avant de supprimer les posts.

2) Appelez une ligne d’écoute sur le cyber-harcèlement, qui saura vous aiguiller juridiquement (notamment). Nous avons appelé celle-ci : 0800 200 000 (tenue par l’association E-Enfance ; l’association s’occupe surtout du cyber-harcèlement à l’école, mais elle a quand même pu nous renseigner)

3) N’hésitez pas non plus à appeler votre commissariat, qui pourra vous renseigner précisément sur les démarches juridiques possibles (main courante ou plainte), en fonction de votre situation. Le commissariat du 7e s’est montré particulièrement bienveillant avec nous, tant au téléphone qu’au moment du dépôt de la main-courante ; les personnes que nous y avons rencontrées ont pris très au sérieux notre cas.

 

INTRODUCTION : PRÉSENTATION DU TEXTE

– Autrice : Corinne Monnet (abregée CM par la suite de ce CR), féministe blanche anarchiste et radicale. La brochure « A propos d’amitié sexuelle et d’hétérosexualité » (sur les relations non-exclusives) est un de ses textes principaux. Elle a aussi écrit un article dans le n°19 de Nouvelles Questions Féministes (« La répartition des tâches dans la parole »), qui analyse la répartition de la parole et défend l’importance de la non-mixité.

→ Ces deux articles/brochures sont disponibles sur le site infokiosque (http://www.infokiosques.net )

– L’ouvrage : brochure extrait du recueil Au-delà du personnel. Pour une transformation politique du personnel (1997), qui rassemble des textes écrits majoritairement par des autrices. Thème : « Le privé est politique » ; plaide une transformation politique de nos vies intimes, sans laquelle tout projet de société anti-autoritaire ne peut être que caduc. Questions abordées : Quelle est la fonction de l’hétérosexualité dans une société patriarcale ? Peut-on vivre selon ses valeurs en dépit des pressions sociales ? Comment appliquer le féminisme dans sa vie quotidienne ? En quoi la monogamie bénéficie-t-elle aux hommes ? Y a-t-il des hommes de gauche quand il s’agit des femmes ?

– Dans l’intro de la brochure (p. 3-4), CM explicite sa posture. Quelques aspects importants :

1) Son texte est avant tout un témoignage

2) il présente ses interrogations sur l’amour, l’hétérosexualité, l’exclusivité dans le cadre d’une société hétéro-patriarcale

3) Elle interroge l’opposition entre la nécessité des changements collectifs (« Il n’y a pas de solution individuelle des femmes à l’oppression ») et la marge de manœuvre individuelle (qui permet d’agir dans une certaine mesure sur la réalité sociale, – voir la notion d’agency en sciences sociales, ndlr).

– Sources théoriques : plusieurs autrices sont citées dans la brochure :

1) Le féminisme matérialiste ; cite la revue NQF, revue historiquement rattachée au féminisme matérialiste et au MLF. Revue qui existe dep 1970s. Féminisme matérialiste = féminisme d’inspiration marxiste, pour qui l’oppression des femmes est avant tout économique et matérielle, l’objectif de l’hétéropatriarcat étant l’exploitation économique des femmes. Selon cette théorie, la catégorie « femme » a été créée pour rendre possible l’exploitation économique de ce groupe social (constructivisme social radical).

2) La pensée séparatiste lesbienne (Monique Wittig ♥ ♥ ♥, cf. La pensée straight, 1992, trad. 2001), qui affirme que la différence entre les sexes n’est pas biologique mais socialement construite pour permettre l’oppression d’un groupe subordonné (les femmes). Pour échapper à cela, les féministes séparatistes lesbiennes proposent aux femmes de séparer leur vie de celle des hommes, afin de sortir de la catégorisation. Dans La Pensée Straight, Wittig écrit de manière provocatrice : « les lesbiennes ne sont pas des femmes » (car en n’ayant pas de relations avec des hommes, elles échappent à la catégorisation « femme »).

3) Susan Sturdivant, psychologue féministe (Susan Sturdivant, Les femmes et la psychothérapie. Une philosophie féministe du traitement, 1992)

4) Les théoriciennes du care, comme Carol Gilligan (Carol Gilligan, Une Voix différente, 1982), qui questionnent l’existence d’une éthique spécifiquement féminine : les femmes ont-t-elles des aptitudes spécifique au soin ?

NB. Définition du care selon Carol Gilligan : le care « se définit par un souci fondamental de bien être d’autrui et centre le développement moral sur l’attention aux responsabilités et à la nature des rapports humains)

→ Sur l’histoire des féminismes, voir le récent Que sais-je de Florence Rochefort : F. Rochefort, Histoire mondiale des féminismes, 2018, 124 p.

– Présentation des extraits

1) Choix de vie relationnels : une histoire de goût (p. 5-7, de « Nombre de personnes reconnaissent que l’éducation », à « si l’on ne questionne pas nos « goûts » affectifs et sexuels ? »)

2) Redéfinition féministe de l’autonomie (p. 9-10, de « Ce qui fait souvent sourire dans l’idée d’autonomie », à « des conséquences de l’oppression et de la subordination »)

3) Se créer sujet (p. 11-12, de « Les femmes doivent donc se prendre comme objets », à « sur le plan de l’estime de soi, de la liberté et du potentiel de signification personnelle. »)

4) La non-monogamie responsable (p. 16-18, de « Toutes ces réflexions », à « ce n’est pas propre à la non-exclusivité »)

5) Remettre en question la mythologie de l’amour (p 16, de « Il y a plusieurs modes d’aimer », à « qui y croit profondément et sincèrement ? » + p. 19-20, de « On parle aujourd’hui de monogamie sérielle », à « une personne donnée et à un moment donné ? »)

6) La notion d’amitié sexuelle (p. 22-24, de « L’amour brouille fortement la lucidité de jugement », à « je suis heureuse qu’elle/il en ait d’autres que moi. »)

7) La nécessité de la solidarité entre femmes (p. 13-14, de « L’isolement classique des femmes », à « Elle est à construire et à créer » + p. 26-28, de « Je vais maintenant essayer de montrer », à « sans que les hommes y perdent quelque chose ? »)

8) Remise en question de l’hétéropatriarcat (p. 20 à 22 de « Ainsi, la socialisation masculine permettra aux hommes » à « Les hommes ne sont pas des agents passifs du patriarcat, mais bien actifs. »)

9) Amour et hétérosexualité (p. 33-34, de « Pascale Noizet distingue l’amour des agressions », à « une hétérosexualité féministe doit pouvoir la miner quelque peu. »)

10) La contradiction entre féminisme et hétérosexualité (p. 35-37, de « Ma question principale portait évidemment sur la contradiction », à « la vie de quelque homme que j’aiderais à s’en sortir »)

11) La possibilité d’une hétérosexualité non oppressive (p. 37-39, de Je suis donc finalement arrivée à considérer », à « la considérant comme simple préférence sexuelle. »

12) La place des hommes dans l’hétérosexualité féministe (p. 39-40, de « Quel plaisir de lire le texte de Stevi Jackson », à « leur partenaire ou les hommes dans l’ensemble ».)

 

DISCUSSIONS PAR PETITS GROUPES A PARTIR DES EXTRAITS

 CR DE LA DISCUSSION – MISE EN COMMUN

NB : j’ai retranscrit aussi fidèlement que possible les paroles prononcées lors de la discussion, je m’excuse par avance si j’ai mal formulé les idées (j’ai souvent dû reformuler) ou oublié des passages. J’espère au maximum ne pas avoir trahi ce qui s’est dit.

Les prises de parole ont été anonymisées à l’aide d’initiales choisies de manière aléatoire, sans lien avec le nom de la personne. De plus, une même personne a pu être à différents moments anonymisée avec deux lettres différentes.En l’absence de marquage de genre à l’oral, nous avons adopté le principe de précaution de genrer de manière inclusive la personne s’exprimant, par exemple : « je suis futé-e »

Disclaimer : la brochure tout comme la discussion a été majoritairement centrée autour des concepts de homme et femme. Si la parole de personnes trans binaires a pu être entendue et plus facilement intégrée à la discussion, il reste notable qu’une large invisibilisation des personnes non-binaires est à déplorer.

Répartition de la parole

 Sur une cinquantaine/soixantaine de personnes, 28 personnes se sont exprimées à l’oral, dont :

– 3 personnes à 4 reprises

– 3 personnes à 3 reprises

– 7 personnes à 2 reprises

– 13 personnes à 1 reprise

De nombreuses autres personnes se sont exprimées grâce à des gestes, pour exprimer leur accord ou désaccord.

 

1) Choix de vie relationnelle : une histoire de goût (p. 5-7, de « Nombre de personnes reconnaissent que l’éducation », à « si l’on ne questionne pas nos « goûts » affectifs et sexuels ? »)

– A : paradoxe : l’autrice parle du fait d’être guidé-e par des goûts, mais aussi de « choix » (choix de vie, choix relationnels, choix d’être non-exclusive et bisexuelle). Pour elle, même les goûts résultent du système hétéropatriarcal (être en relation avec un mec cis répond à un « devoir féminin » imposé par la société hétéopatriarcale) ; d’où la nécessité de les interroger, de les remettre en question. Postulat qui pose plusieurs questions :

– Dans quelle mesure devrait-t-on renoncer à des relations avec des hommes cis ?

– Que se passerait-t-il si on faisait ce choix ?

– Est-ce qu’il est même possible de le faire ?

– Groupe qui souligne aussi le côté fatiguant d’être en relation avec un mec cis (« devoir d’éducation », injonction à la pédagogie)

– B : ça me fait penser à Bourdieu, qui dit que les goûts et les couleurs sont des constructions culturelles (voir notamment La Distinction, ndlr) : les classes populaires/les classes aisées ont des goûts différents (ex la classe bourgeoise, qui aime les expos de peinture et la musique classique). Est-ce que cela fonctionne de la même manière pour l’hétérosexualité ? (c’est la société qui nous le présente comme un goût, alors qu’en fait on est formaté-es pour) → hétéronormativité !!!!!!!

– C : J’ai l’impression que plus la déconstruction avance, plus j’ai une emprise sur mes goûts ; avant, j’avais l’impression de ne pas contrôler de qui je tombais amoureuse, alors que maintenant, je me rends compte dès le départ que « ça ne va pas être possible » ! (phrase qui est revenue très souvent dans le groupe) LOL MDR de la salle

– D : la question du coup c’est : « comment éduquer les hommes ? Comment les aider à se déconstruire ? » Moi en tant que femme trans, j’ai eu tendance à vouloir déconstruire mes partenaires, parce que j’en ai besoin au quotidien… Mais c’est fatiguant. Est-ce que la solution ça ne serait pas plutôt d’éviter de construire, tout simplement ? → Grand rôle de l’éducation.

– Autre chose : plus la déconstruction avance, plus on a tendance à chercher des personnes du même niveau de déconstruction que soi

– E : Moi je ne pense pas qu’on puisse déconstruire un homme. J’ai plus d’espoir pour la génération à venir, mais assez peu pour la nôtre. Selon moi, il n’y a rien dans ce système capitaliste qui puisse permettre de construire un homme capable de respecter les femmes. Par exemple les jouets restent encore super genrés, c’est super dur de trouver un jouet pour un petit garçon qui ne soit pas basé sur la force !

– F : Je suis plus nuancé-e, je pense qu’on peut faire les deux en même temps. Ayant travaillé-e dans une école maternelle, je vois bien que dès 2-3 ans, la construction des genres est déjà bien ancrée. Pourtant j’ai de l’espoir : avec des rencontres on peut changer, moi j’ai beaucoup changé au cours de ma vie, certaines rencontres m’ont fait prendre conscience qu’il existait d’autres possibilités que de me conformer au modèle.

– G : je voulais signaler que les IMS (Interventions en Milieu Scolaire) peuvent jouer un rôle important pour déconstruire les stéréotypes !

– H : moi je suis assez optimiste par rapport à notre génération : j’ai l’impression qu’on est la première génération à avoir ce type de questionnements

– I : Pour répondre à E, un tips de cadeau : j’ai un demi-frère de 10 ans, du coup je lui offre des bouquins avec des personnages principaux féminins… ou bien y a les KAPLA (LES KAPLA C’EST GÉNIAL ARG C’EST TROP BIEN) Lol dans la salle

 – J : Beaucoup d’hommes n’ont pas conscience que les femmes sont harcelées, etc. ils n’ont pas conscience parce qu’ils n’entendent pas ce qu’on entend, ce qu’on subit, ce qu’on vit, ce qu’on voit. Ca me met en colère quand un homme me dit qu’il ne me croit pas quand je lui parle de ça. Mais en même temps moi j’ai pas envie de passer ma vie en colère ; je crois qu’il y a des hommes qui sont capables d’écouter, mais pas tous.

 

2) Redéfinition féministe de l’autonomie (p. 9-10, de « Ce qui fait souvent sourire dans l’idée d’autonomie », à « des conséquences de l’oppression et de la subordination »)

– A : on a surtout parlé de nos expériences perso. Au-delà des expériences personnelles et des orientations sexuelles, on a remarqué que deux aspects égermaient :

1) la possibilité/l’envie d’être autonome malgré le fait d’être dans une relation de couple ; opposition/paradoxe entre d’un côté une forte envie d’être autonome et indépendantes, et de l’autre le fait de ne pas arriver à être seule. Comme si l’amour dans un couple pouvait nous faire perdre toute autonomie (crainte).

B : c’est aussi le cas dans des relations de non-couple : même quand je suis pas en couple je regrette de ne pas l’être, j’ai besoin d’être en couple avec quelqu’un-e

2) C : Même dans une relation non-hétérote, on peut ressentir cette forme de non-autonomie (et en souffrir) : même dans les relations lesbiennes, j’ai l’impression que le modèle hétérosexuel s’applique.

A : à la fin, on a bcp parlé de la pression d’être en couple pour construire quelque chose sur le long terme (comme but dans la vie : « si à trente ans tu n’es pas avec quelqu’un-e, tu as raté ta vie, c’est super triste… »). Cela nous pousse à nous mettre en couple avec des blaireaux, même si on est pas heureux-se avec eux.

D : Quelles solutions ? On a réfléchi à plusieurs possibilités :

1) Parvenir à être heureux-se hors du couple

2) Importance de faire apparaître dans la culture des figures positives de vieilles femmes seules, pour cesser d’avoir peur de ça → Goliarda Sapienza, L’Art de la Joie, 1998 (existe aussi en livre audio!)

3) recomposer ses cercles relationnels, s’autoriser à le faire, s’autoriser à ne plus perdre du temps avec des personnes qui n’en vaillent pas la peine, à savoir les mecs relous (concorde souvent l’entrée dans des milieux féministes)

3 bis) dans le même genre, revalorisation de l’amitié au sens large et des relations entre femmes ou non-binaires (vues comme « moins importantes » que l’amour).

E : Je rajoute une référence : la série (Netflix) Grace et Frankie (avec Jane Fonda!! Big love sur elle) : deux femmes ont chacune un mari, qui sont amis (elles se détestent), mais elles apprennent à 70 ans que leurs maris sont ensemble depuis 20 ans ; elles finissent par vivre ensemble → super série pour donner la foi dans le célibat et la vieillesse féminine !!

F : depuis tout à l’heure on parle beaucoup de couple et de célibat, mais je voulais aussi ajouter qu’il existe d’autres formes de relations, comme le polyamour (le « truple »). L’autonomie pour moi, c’est justement le fait de n’être ni en couple, ni célibataire. Si ça se passe mal avec un-e de mes partenaires, je peux toujours aller en voir un-e autre, pour avoir du soutien émotionnel. S’il y a un problème dans une des relations, les autres partenaires aident à aller mieux ; c’est un véritable soutien, ça permet de ne pas se retrouver seule face à une histoire qui est en train de s’arrêter.

G : sur les femmes vieilles et seules, autres réf :

→ Mona Chollet, Sorcières. La puissance invaincue des femmes, 2018 (possible de le lire en ligne aux éditions Zones, ndlr)

→ Plusieurs épisodes du podcast La Poudre évoquent ce thème.

H : être en relation avec plusieurs personnes permet en effet d’être plus libre, parce que tu investis moins dans une relation ; ça permet d’être plus honnête avec nous-même par rapport à ce que la relation nous apporte.

I : encore une réf : ça peut paraître éloigné, mais ça me fait penser à la vidéo de Science Étonnante (Youtube) sur les « coûts irrécupérables » (et non les « couilles irrécupérables » xD). En gros les coûts irrécupérables c’est quand tu as vachement investi dans un truc, du coup tu n’as pas envie de le jeter / d’arrêter de t’investir dedans même si ça ne t’apporte pas de bonheur. L’exemple de la vidéo c’est un séjour au ski : imagine que tu as payé super cher un séjour au ski, bon bah tu y vas, mais en fait sur place tu te rends compte que tu aimes pas le ski, que t’es super enrhumé-e, que t’aimes pas la raclette et qu’en plus tes potes font une super soirée alors que t’es pas là. Bah le coût irrécupérable, c’est le biais cognitif qui te fait dire : « j’aime pas être là mais j’ai tellement investi là dedans qu’il faut que je termine mon séjour au ski »… On peut transposer ce mécanisme à une relation : ça m’est déjà arrivé d’être en relation avec un mec, d’avoir passé des heures et des heures à faire de la pédagogie, à le déconstruire, et malgré tout ça reste un con. Mais j’arrive pas à le quitter parce que je me dis : « je vais pas arrêter maintenant, avec tous les efforts que j’ai mis dans cette relation »…

J : J’ai l’impression que pour être autonome, il est important de choisir les personnes avec qui on partage le quotidien, des gentes avec qui on se sent en sécurité. Une fois qu’on a procédé à cette réorganisation de notre entourage, l’autonomie vient plus facilement. Je me suis vraiment rendu-e compte récemment que de choisir avec qui je passe du temps ça me permet d’être plus libre.

 

3) Se créer sujet (p. 11-12, de « Les femmes doivent donc se prendre comme objets », à « sur le plan de l’estime de soi, de la liberté et du potentiel de signification personnelle. »)

A : Après lecture du texte on a essayé de comprendre mais on a eu du mal à aller au-delà : on est toutes d’accord pour dire qu’il faut être le sujet de sa propre vie (mais on arrivait pas trop à comprendre ce que ça voulait dire). Du coup on a plutôt parlé de nos expériences perso.

On a surtout parlé du fait d’avoir la sensation de se diluer dans les autres / l’Autre. C’est difficile de dépasser ce sentiment ; concrètement, comment on procède ? On a pensé à plusieurs solutions :

1) s’exprimer, exprimer ce dont on a envie : signifier à l’autre, avoir une place dans la parole (« ok je me sacrifie peut être, mais je suis en train de me sacrifier pour toi et il faut que tu le saches »).

2) se masturber (c’est une métaphore) : se connaître, s’explorer, expérimenter pour connaître ses goûts ; avoir une position plus active dans sa vie.

3) trouver les choses qu’on aime dans la vie, au-delà du genre (que ce soit des choses genrées ou non : ex, on peut faire du tricot si on en a envie, ce serait dommage de se censurer parce que faire du tricot est identifié comme « féminin »).

B : travaillant dans le médico-social, je me rends compte que la masturbation est un sujet tabou (surtout dans certaines situations : situation de handicap, vieillesse) ; pourtant, ça fait partie des besoins ! Nous en tant que soignant-es on doit faire attention à ça. Voilà je voulais juste préciser que la masturbation c’est important pour tout le monde.

 

4) La non-monogamie responsable (p. 16-18, de « Toutes ces réflexions », à « ce n’est pas propre à la non-exclusivité »)

A : – dans le passage, l’autrice fait la différence entre la non-monogamie responsable et celle irresponsable. On a comparé avec nos expériences. Assez rapidement on en est venu-es à parler de faire le choix de vivre des relations affectives et/ou sexuelles nécessitent une forte connaissance de soi. Le fait d’être en relation avec plusieurs personnes nécessite d’être en responsabilité des autres partenaires (et de soi) : il est super important de savoir ce que l’on peut supporter ou non (en terme de jalousie par exemple).

– on voulait rappeler aussi que les relations monogames et non-exclusives ne garantissent pas non plus l’absence de souffrance (ou de jalousie!)

– on a aussi parlé du fait qu’il fallait faire attention de ne pas remplacer des injonctions par d’autres.

B : – même dans les relations non-exclusives, lorsqu’il y a un homme cis, il faut toujours faire super attention à ne pas être rattrapé-es par le modèle hétéro-exclusif, sinon la femme risque de « se faire avoir » dans cette relation.

– d’où la nécessité d’être en relation avec des hommes cis capables d’entendre les oppressions.

C : on a parlé du danger d’être en relation non-monogame avec des personnes qui ne subissent pas les oppressions, et aussi du déséquilibre qui existe entre les hommes et les femmes dans les relations non-exclusives : c’est plus compliqué d’être non-monogame quand on est déjà victime d’oppression (on prend plus cher, par exemple du point de vue de la réputation).

D : dans le texte, l’autrice explique qu’il faut faire très attention à ne pas entrer en relation non-monogame pour faire plaisir à son ou sa partenaire. Mais il faut aussi faire attention à ne pas imposer une relation non-monogame à quelqu’un-e qui ne serait pas prête à l’accueillir → pose la question de la contradiction qui existe parfois entre ce qu’on ressent et ce que l’on désire comme relation.

E : je crois que tout ça dépend vraiment du quelqu’un-e

F : personnellement, dans une relation exclusive, je m’oublie totalement, complètement, et très rapidement. Dans une relation non exclusive j’ai l’impression qu’il y a deux relations à la base : ma relation à toi, et ma relation à moi-même, et celle-là je ne veux pas l’oublier. Je ne peux pas négocier avec ça. Parfois ça peut amener à des impasses, à des impossibilités, si l’autre n’est pas capable de le comprendre, alors juste la relation s’arrête et tant pis.

G : ce que vous dites me fait penser à Corinne Monnet. On l’a accusée d’être soumise à ses idées, mais elle assume le fait qu’elle préfère faire des compromis dans ses relations que dans ses idées. J’aimais bien sa manière d’amener le truc : c’est pas parce que je vous propose un autre modèle que c’est le meilleur et le seul qui marche. Pour moi le plus important c’est de s’écouter, c’est ce que tout le monde dit depuis tout à l’heure ahahah

 

5) Remettre en question la mythologie de l’amour (p 16, de « Il y a plusieurs modes d’aimer », à « qui y croit profondément et sincèrement ? » + p. 19-20, de « On parle aujourd’hui de monogamie sérielle », à « une personne donnée et à un moment donné ? »)

A : dans notre groupe, nous avons parlé de la relation unique, exclusive, hétérosexuelle, montrée comme modèle et censée nous apporter l’ensemble de nos besoins affectifs. Selon moi c’est une perspective capitaliste : j’ai des besoins qui doivent être satisfaits, et je place l’ensemble de ces besoins dans une personne. Pour moi le couple est une entité profondément capitaliste. Dans la brochure, elle choisit de prendre le partie de la non exclusivité dans le but de dire : puisqu’une seule personne ne peut m’apporter tous mes besoins, je peux aller les chercher chez plusieurs personnes.

B : moi au contraire ça me dérange énormément de considérer qu’on va remplir nos besoins en prenant plusieurs personnes ; j’ai l’impression qu’on consomme les gentes.

C : – moi je ne trouve pas ça correct de dire «  je vais prendre cette personne pour satisfaire mes besoins », en terme de possession.

– Sur les liens entre capitalisme et féminisme, lire : Françoise Vergès, Un féminisme décolonial, 2019. Elle explique qu’aujourd’hui, le pire ennemi des féministes, notamment des racisées, c’est le capitalisme (qui nettoie les centres commerciaux, les bureaux, la nuit?). Hyperconsommation → on se goinfre dans ce système capitaliste, et ça retombe toujours sur les mêmes personnes.

D : pour revenir plus directement à la brochure, CM fait la différence entre les relations non-exclusives avec une relation principale et d’autres moins importantes, et les « vraies » relations non-exclusives. Dans le premier cas, ce n’est de la non exclusivité selon elle : car tu as le droit d’aller voir ailleurs que si ça ne change rien au pacte de l’Amour. Cette idée d’amitié sexuelle est intéressante, car basée sur l’échange mutuel, chaque relation ayant sa spécificité.

E : si je devais faire une analogie, je dirais que la relation (non-exclusive) est vécue comme la fast fashion : au lieu d’avoir une relation fiable, solide, faite pour durer, j’enchaîne les relations à courte durée ( = je vais trouver un pull chez Zara). Je ne suis pas pour les relations non exclusives, car je vois ça comme de la consommation de plusieurs personnes, et un manque d’effort des gens pour sauver leur relation. Je pense au contraire que la monogamie peut servir l’autonomie. Moi quand je suis en relation stable, je peux me concentrer davantage sur moi.

F : on est à l’air de la consommation du couple. Mais comme pour le capitalisme, on est pas égaux-les dans les échanges relationnels. Il y a un trade : les hommes échangent par exemple un statut social contre un capital esthétique (dominant et normé). Les hommes et les femmes ne sont pas égaux-les dans ce genre d’échanges.

G : – je pense qu’il ne faut absolument pas dire que « tel type de relation ne va pas »… Il y a énormément de singularités, de cas particuliers.

– Si je peux parler de mon cas, je n’ai jamais été dans une relation aussi safe et saine que maintenant, où je suis dans une relation polyamoureuse. Pourquoi ? Parce que ce type de relation oblige à constamment s’écouter et écouter l’autre (demander comment tu te sens, etc). En fait ça devrait être le cas dans toutes les relations, mais moi c’est la première fois que ça m’arrive.

 

6) La notion d’amitié sexuelle (p. 22-24, de « L’amour brouille fortement la lucidité de jugement », à « je suis heureuse qu’elle/il en ait d’autres que moi. »)

8) Remise en question de l’hétéropatriarcat (p. 20 à 22 de « Ainsi, la socialisation masculine permettra aux hommes » à « Les hommes ne sont pas des agents passifs du patriarcat, mais bien actifs. »)

9) Amour et hétérosexualité (p. 33-34, de « Pascale Noizet distingue l’amour des agressions », à « une hétérosexualité féministe doit pouvoir la miner quelque peu. »)

A : nous avons principalement parlé de deux sujets :

1) le fait d’effacer son individualité quand on est dans une relation monogame

2) la différence entre l’amour et l’amitié, et le poids de la culture dans notre conception de l’amour. Mais plutôt que de dire qu’il faut retirer l’amour de nos relations, il faudrait s’interroger sur comment on choisit de le vivre. Quel est notre pouvoir (notre marge de manœuvre) pour déconstruire ces notions-là ?

B : j’ai vraiment du mal à donner autant d’importance à l’amitié qu’à l’amour, même si j’aimerais théoriquement (car l’amitié est plus stable que l’amour!). Quand je suis seul-e, j’ai du mal à me dire : « mais non tu n’es pas seul-e, tu es entouré-e, tu as plein d’ami-es ».

→ Voir conf’ sur France Cul(ture) de Francis Wolff (Il n’y a pas d’amour parfait, 2016, ou sur YT : « Peut-on définir l’amour ? »). Philosophe, FW tente de définir l’amour, composé selon lui de trois pôles : le désir, l’amitié et la passion.

C : pour revenir sur le fait de se sentir seul-e : d’où l’importance de bien choisir son cercle d’ami-es, et aussi de dire ce que l’on ressent : c’est important de pouvoir dire 1) qu’on se sent seul-e et qu’on a besoin de quelqu’un-e ; 2) qu’on se sent seul-e même si tu es là en tant qu’ami-e.

D : – je suis d’accord, c’est hyper important de bien choisir ses ami-es. Malgré ça, j’ai quand même toujours accordé une valeur très importante au sentiment amoureux. Mais quand j’ai pris confiance en moi, je me suis permise d’être plus qualitative dans le choix de mes partenaires !

– Après m’être séparé-e de ma copine, je n’ai jamais autant profité de mes ami-es : quand tu leur donnes l’occasion de prendre une place aussi importante que l’amour, et bien c’est génial  La sororité c’est trop bien !!!!!

E : pour revenir au texte, je n’ai pas compris la différence que fait l’autrice entre amour et amitié sexuelle.

F : c’est là qu’on en est venu-es à nous interroger sur la conception de l’amour qu’on nous apprend depuis notre naissance.

G : – à propos de cette conception de l’amour (je suis très intéressée par le sujet car polyamoureuse). Selon moi, le fait d’avoir autorisé les femmes à être amoureuse et à choisir leur partenaire par amour, c’est quelque chose qui a bcp apporté au féminisme.

– Moi au contraire je pense qu’on peut mettre de l’amour partout, même dans les relations amicales : je ne vais pas m’empêcher d’embrasser sur la bouche un-e de mes ami-es parce que je l’aime ! Mais ça ne deviendra pas une amoureuse pour autant…

H : à propos des amitiés sexuelles : ça m’est arrivé de me retrouver dans ce genre de relation. J’ai eu un ami, avec qui j’ai commencé à avoir des relations sexuelles. C’était vraiment apaisant pour moi d’avoir une relation où je ne me sentais pas menacé-e.

I : moi aussi il m’est déjà arrivé d’avoir des amitiés sexuelles. La grande différence que je vois entre les ami-es avec qui j’ai couché et mes amoureux-ses, c’est que dans le cas des ami-es, il n’y a aucun changement entre l’avant et l’après (ni gêne, ni jalousie). Et ça implique la réciproque : que moi-même je ne sois pas jaloux-se. Rien ne change après avoir couché avec elleux, si ce n’est une plus grande intimité entre nous.

J : il faudrait en fait un changement dans la notion même d’amour pour imaginer de nouveaux possibles en matières de relations : dans l’idéal, il faudrait que ce qu’on appelle « amour » soit considéré sur le même mode entre nos amoureux-ses qu’entre nos ami-es = des relations d’échange et de respect mutuel.

 

10) La contradiction entre féminisme et hétérosexualité (p. 35-37, de « Ma question principale portait évidemment sur la contradiction », à « la vie de quelque homme que j’aiderais à s’en sortir »)

A : j’aimerais parler de mon expérience personnelle : pour moi, après 10 ans de mariage, je vous le dis, il y a incompatibilité TOTALE entre être le féminisme et le couple hétéro. Plus on est conscientisée, plus c’est dur d’accepter la moindre petite goutte de patriarcat. Le moindre mot, c’est plus possible !! Les hommes cis sont imprégnés de patriarcat, qu’ils le veuillent ou non. Et c’est si difficile de trouver un homme déconstruit, qui à un moment où un autre ne va pas sortir la phrase, le truc qui va nous énerver.

B : le truc quand tu es en couple avec un homme, au niveau de la vie pratique, c’est que tu fais constamment du maternage. A cela tu ajoutes la charge mentale et (on en parle moins mais c’est au moins aussi important en terme de temps et d’énergie) la charge émotionnelle : en fait t’es en couple avec un bébé !! Deux deux choses l’une : soit ils veulent volontairement rien faire, soit ils n’ont pas conscience de ce qu’il faut faire. Mais ça nous laisse peu de possibilités :

1) Le quitter

2) S’énerver et passer pour une chieuse

3) Soit on ravale notre colère, et on fait des compromis

Dans les trois cas, c’est chiant !!!

C : – la pire phrase : « est-ce que je peux t’aider ?» !!! Trop chiant !!

– Souvent, ces mecs-là c’est aussi ceux qui font preuve d’une énorme contradiction entre l’image qu’ils donnent dans la sphère publique, et ce qu’ils font réellement dans la sphère privée.

D : ma conclusion à moi, c’est que finalement le féminisme et l’hétérosexualité c’est pas compatible !! AHAHAHA rires dans la salle. Le dernier mec sur lequel j’ai lâché l’affaire, c’était pour une question d’écriture inclusive ; ET EN PLUS TU ME FAIS PAS JOUIR, TU ME FAIS CHIER, VOILA JE ME CASSE LOLOLOLO MDR DANS LA SALLE \o/

– Bon ok mais maintenant on fait quoi ?

E : je suis totalement d’accord avec toi ; j’ai l’impression qu’on est condamné-es à toujours tomber sur des mecs qui n’ont pas conscience des choses. En même temps j’ai beaucoup de chance à titre personnel, mon copain est hyper attentif, quand je le reprends il écoute, il accepte, et il me dit toujours : « s’il te plaît, sois patiente… ». Il y a donc quand même des mecs qui arrivent à se déconstruire un peu, et rien que ça c’est super.

F : Ouais ils essaient mais ils ont tellement pas été éduqués comme ça… le mien c’est pas qu’il ne veut pas, c’est qu’il ne pense pas ! C’est autre chose qu’une simple histoire de mauvaise volonté… C’est d’autant plus pesant.

G : [TW : jugement] : moi j’ai une question à poser à D : si tous les mecs avec qui tu sors ont ce genre de comportement, peut être que c’est toi qui attire ces gens-là ; si à chaque fois le schéma se répète, c’est que peut être ça vient de toi …

 

H : – Oh wow G, tu peux pas dire ça !! C’est pas elle qui attire les hommes nuls, c’est la société qui créé les hommes comme ça ! [S’adressant à D : ] je suis désolée que tu aies entendu que c’était de ta faute…

– Pour répondre à ce qui s’est dit au-dessus : ta logique (E) c’est la logique du bon sentiment (#notallmen) ; ton mec t’écoute, c’est super, tant mieux pour toi. Mais aujourd’hui on est là pour parler de trucs politiques, on est pas là pour distribuer des cookies. Et puis tu vois le temps et l’énergie que tu dois consacrer à trouver un « bon gars » ? moi ça ne m’intéresse pas de faire le tri entre les grains de riz !! Du coup je ne fréquente pas d’hommes. Et c’est la même chose pour les femmes : étant racisée, je ne fréquente pas non plus de femme blanche. Ouais peut être que y en a des biens, mais j’ai pas envie de perdre du temps à trier les grains de riz.

I : – non mais je comprends pourquoi G dit ça : moi aussi à un moment je pensais que je les attirais ces hommes-là ; mais j’ai réfléchi, et je me suis dit : « ce n’est pas toi ! C’est la société qui nous dit que c’est nous le problème, nous les femmes, que c’est à nous de faire des efforts et de se remettre constamment en question ». On est construites dans l’idée qu’on a pas le droit d’être nous-mêmes ! Et bien moi j’en ai marre, quand je marche sur un trottoir je ne vois pas pourquoi je devrais me pousser pour laisser passer les hommes ! Je fais le test depuis des semaines là et ils bougent pas du trottoir pour me laisser passer !

– Je vois les hommes comme des broken toys. Et c’est la société qui les crée comme ça, mais c’est pas à moi de les réparer, d’être une infirmière… Quand je rentre chez moi après ma journée de travail, j’ai envie d’être tranquille, pas d’aider quelqu’un d’autre.

J : Tant mieux si tu n’as pas besoin des mecs dans ta vie. Mais moi mon problème c’est que je suis attirée par eux… Je suis d’accord qu’on est pas là pour faire leur éducation, mais en même temps y a cette question de l’attirance : dans quelle mesure je dois choisir entre mon attirance et le fait que j’ai pas envie d’expliquer la vie à mon mec ?

K : – Par rapport à cette histoire d’attirance : je crois profondément qu’on attire des gentes cassé-es comme nous ; et que c’est une bonne chose : on peut essayer de se réparer mutuellement…

– Sinon pour revenir sur ce qui s’est dit plus haut : moi non plus en tant que femme trans je ne fréquente plus de femmes cis. J’essaie de ne pas être trop « sectaire », mais des fois je n’y arrive plus !

 

11) La possibilité d’une hétérosexualité non oppressive (p. 37-39, de Je suis donc finalement arrivée à considérer », à « la considérant comme simple préférence sexuelle. »

A : nous dans notre groupe on a parlé de la possibilité d’un couple hétérosexuel non oppressif. Dans la brochure, CM parle de l’hétérosexualité (ou son refus) comme un choix ; c’est ce choix qui lui a permis de mettre en place une hétérosexualité féministe. Ça nous a fait questionner cette hétérosexualité qui nous tombe dessus : est-ce que finalement, par la construction sociale, ce n’est pas l’hétéronormativité qui nous impose l’hétérosexualité ? En même temps malgré la conscience de la construction, je me sens quand même hétéro. Donc qu’est-ce que je fais de ça ? Je crois que la réponse se situe dans le fait d’avoir une hétérosexualité consciente. Et ces réflexions ne doivent pas être le seul travail des femmes, mais il doit aussi s’effectuer au sein du couple, et dans la société (on en revient au poids de l’éducation).

B : lors de la discussion en petit groupe, on a quand même précisé qu’avec la notion de « choix », il y a l’idée qu’on peut agir sur nos choix. C’est important de savoir qu’on est conditionné-e dans nos choix.

C : avant de me rendre compte que je n’étais pas hétéro, j’avais réfléchi à cette question : pour moi il y a une différence majeure entre hétérosexualité et société hétéronormative. C’est pas grave d’être hétéro, c’est pas l’hétérosexualité le problème ; le problème, c’est l’hétéronormativité, le fait que l’hétérosexualité s’impose comme norme.

D : j’ai découvert le féminisme dans les milieux LGBT. Mais du coup, j’ai l’impression que dans l’environnement où je suis, on a relié l’hétérosexualité à un féminisme blanc, bourgeois, pas radical, et c’est dommage. C’est super important de penser la radicalité pour des meufs qui n’ont pas le choix d’être hétéro. Les meufs qui ne sont pas attirées par les meufs, qu’est-ce que qu’elles font ? On peut changer bien sûr, mais il est aussi primordial de s’emparer de ces questions-là.

E : une phrase que j’avais entendue en cours et que j’ai retenu car elle m’a marquée : « L’hétérosexualité est un des premiers fétichisme ». Déjà, l’hétérosexualité c’est très binaire, comment se positionnent les personnes non-binaires par exemple ? Je me considère hétéro, mais les hommes sont insupportables ! En fait j’ai réalisé que moi ce que j’aime, c’est le masculin (c’est pas l’homme que j’aime, c’est le masculin). Et du masculin, on peut en trouver chez des personnes qui ne sont pas des hommes cis !! L’amour de l’organe génital, ça se déconstruit aussi !!!

F : Je me pose un autre question : dans quelle mesure, quand tu as vécu toute ta vie comme femme hétéro, quand tu es vraiment habituée à un schéma de relation, à quel point c’est difficile de bouleverser cette « habitude » ?

G : être avec des personnes non-binaires ou des femmes ne garantit pas non plus que tout est acquis, qu’il n’y a pas de problème de charge mentale pour de pédagogie… même dans un couple lesbien par exemple on peut avoir tendance à répliquer les rôles. Il n’y a pas de solution miracle.

RETOURS SUR LA FEUILLE MISE A DISPOSITION

« C’était top, merci, et merci d’avoir accepté les gentes hors ENS »

« Fuck les trolls »

« Merci pour cet espace d’échanges. Peut être qu’avoir eu le découpage du texte à l’avance aurait pu permettre de choisir plus facilement son groupe de parole »

« ♥ Full love ♥ »

 

MERCI A TOUS.TES D’ÊTRE VENU.ES

MERCI POUR CES ÉCHANGES ET POUR VOS RETOURS !

Féministement, Les Salopettes

 

Une réflexion au sujet de « « Être féministe et en relation avec un mec cis » – Compte-rendu de l’atelier du 21.03.19 »

  1. Merci pour ce compte-rendu et pour avoir organisé cet atelier qui a visiblement été une réussite, au vu des réflexions qui sont apparues. Lire tout cela était très enrichissant pour moi, bravo à toustes les participant.es !

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